Cheikh Ahmeth Khalifa NIASS « Les peuls ne sont pas une ethnie mais un peuple »

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Son enfance À ‘Aïn Madhi, un petit village situé dans le désert algérien à quelques kilomètres de Laghouat, se trouvait une humble demeure traditionnelle en terre. La modestie des lieux cachait en son sein une jeune épouse qui, dans un coin de sa maison et avec tout le courage qui caractérise les femmes de ces régions, venait d’enfanter un garçon qu’elle prénomma Ahmed. C’est ainsi qu’en 1150 de l’Hégire (1737/38) vint au monde Seïdina Ahmed Ibn Mohammed Ibn Mokhtar Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Cet endroit isolé,loin des tumultes des grandes villes, s’était déjà fait remarquer depuis plusieurs années par l’envergure de ses savants et leur piété. L’illustre Cheikh ‘Abdallah ibn Mohammed El ‘Iyachi (m. en 1090), qui passa par ce village, en fit mention dans son écrit Rihlata. Il rencontra également Sidi Ahmed, l’arrière grand-père de Seïdina (qu’Allah l’agrée) dont il hérita du prénom, et il le décrivit par les termes élogieux de : « grand savant ». Le père de Seïdina (qu’Allah l’agrée), Sidi Mohammed ibn Mokhtar, était un savant scrupuleux, aimé et respecté. Enraciné dans la Sunna, c’était un évocateur et un enseignant dans les domaines de l’exégèse et du Hadith. Il appelait et exhortait les gens au bien en les incitant à l’application de la Sunna et en combattant toute innovation sans craindre, pour Allah, le tort de quiconque. Il lui arrivait de recevoir la visite d’entités spirituelles « Rouhani » qui lui proposaient de répondre à ses besoins. Il refusait leurs propositions et les rejetait en leur disant : « Laissez-moi donc avec Allah ! Je ne désire aucune autre attache que la sienne, je n’ai nullement besoin de vous » et ils le laissaient. Il était fermement attaché à Allah et possédait dans sa demeure une pièce réservée à l’évocation. Il était lui-même issu d’une branche comptant de nombreux savants et saints accomplis. Nous pouvons à titre d’exemple citer le trisaïeul de Seïdina (qu’Allah l’agrée), Sidi Mohammed qui fut le premier à se rendre et à s’installer à ‘Aïn Madhi où il se maria avec une femme de la tribu des Banou Toujine. Il fut lui aussi un grand savant et possédait dans sa demeure une pièce lui servant de lieu de retraite spirituelle dans laquelle personne d’autre que lui n’avait le droit d’entrer. Il avait pour habitude de se voiler le visage lorsqu’il sortait de sa demeure afin de se rendre à la mosquée et restait ainsi voilé jusqu’à son retour au sein de sa cellule d’isolement. Lorsque Seïdina (qu’Allah l’agrée) fut interrogé au sujet de la raison pour laquelle son aïeul se voilait le visage devant les gens, il répondit : « Il se peut que cela soit du fait qu’il ait atteint un certain degré dans la sainteté. Ce degré avait en effet pour conséquence que tous ceux qui le regardaient ne pouvaient plus s’empêcher de le contempler un seul instant au risque d’en mourir. Or il comptait parmi les détenteurs de cette particularitéqu’il acquit durant vingt-trois années, caractéristiques de ceux qui eurent atteint soixante-douze des sciences Mohammadienne. C’est donc pour l’ensemble de ces raisons que volontairement il se voilait le visage. » Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fut mis au monde par la pieuse et pure Dame ‘Aïcha, fille de Sidi Mohamed Senoussi Tidjani Madaoui. Par ailleurs c’est du côté sa parenté maternelle que Seïdina (qu’Allah l’agrée) tire l’origine de son nom. Elle était une femme pieuse et dévouée aux qualités rares et précieuses. Elle consacrait la majeure partie de ses jours et de ses nuits à évoquer Allah ainsi qu’à prier sur le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). Elle était une mère attentionnée, débordante d’amour et de miséricorde. Elle eut également plusieurs autres enfants, filles et garçons, qui moururent en bas âge. Elle accueillit ces épreuves avec résignation et foi en la récompense Divine. Ainsi, parmi ses enfants, seules survécurent une fille nommée Rouqayya, puis Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et enfin un garçon du nom de Mohammed, mais qui reçut le surnom d’Ibn ‘Omar, car celui-ci était versé dans le domaine de la science et du Qoran. Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) était d’ascendance Chérifienne, c’est-à-dire que sa généalogie remontait jusqu’au bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), par Seïdina ‘Ali et Fatima (qu’Allah les agrée) via leur fils Hassan (qu’Allah l’agrée). Cependant, il ne se fia pas aux ouï-dire ni à ce qui était mentionné dans son certificat généalogique, jusqu’à ce qu’il eut lui-même l’occasion d’interroger le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à l’état de veille. En effet, il a dit (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « J’ai interrogé le maître de l’existence au sujet de mon ascendance, étais-je un Chérif ou pas ? Et concernant la tribu de la ville où je suis né et qui se réclamait d’ascendance chérifienne, quel en était la réalité ? Il m’a répondu (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « Certainement tu es mon fils, certainement tu es mon fils, certainement tu es mon fils » et il le répéta trois fois puis ajouta (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « Ton ascendance par Hassan fils de ‘Ali est authentique ». » Ce n’est que depuis cette confirmation qu’il se présentait alors en intitulant ses courriers par : « Ahmed ibn Mohammed Tidjani el Hassani » Quant aux habitants de son village Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dit : « Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) s’est tu à leurs sujets et il ne m’a nullement confirmé l’authenticité de leur appartenance généalogique. » En effet, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) n’était pas de leur origine, car son ancêtre ne s’installa que fortuitement auprès d’eux. Ils n’ont donc aucun lien généalogique si ce n’est par les femmes. Il fut par voie de conséquence apparenté à eux en raison de l’installation de son ascendant dans leur village. Son aïeul, Sidi Salim, est originaire de la tribu de ‘Abda aux environs de Safi, sur le littoral atlantique des côtes marocaines. Ainsi, c’est dans cet environnement de foi, de science et de sainteté que naquit Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Il grandit certes au sein d’une humble demeure, mais elle fut le creuset d’une famille très attachée au Coran et à la sunna. L’éducation du saint enfant fut confiée à l’illustre et prestigieux Mohamed Ibn Hamou Tidjani (m.1162 H) sous la conduite duquel il mémorisa le texte Coranique en entier, et ce, à l’âge de sept ans. Il était un homme pieux et enseignait aux enfants. Lui-même fit son apprentissage auprès de son Cheikh Sidi ‘Issa Bou’akaz el Madaoui Tidjani qui était un homme pieux connu pour sa sainteté et qui enseignait également aux enfants. Un jour, il révéla qu’il avait vu en songe le Seigneur Très Haut lui réciter le Qoran, du début à la fin, dans la version Warch. Son Seigneur le Très Haut lui dit ensuite : « C’est ainsi qu’il fut révélé ». Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a appris le droit musulman (fiqh) selon l’école de l’Imam Malek (qu’Allah l’agrée). Il étudia les différents traités de jurisprudence tels que le Khalil, le Risalat, le Mouqqadima d’Ibn Rouchd et le Lakhdari auprès du Connaissant d’Allah, le savant Sidi Mabrouk ibn Bou’afiya Madaoui Tidjani. Sidi Mabrouk décéda en l’an 1166 H. Dès son plus jeune âge, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) se fit remarquer par son intelligence et sa piété, ainsi que ses vertus et sa modestie. Il était assidu dans ses études et possédait une volonté surprenante. Tout ce qu’il commençait, il le finissait et tout ce qu’il entamait, il le complétait. Aucune tâche, aussi ardue soit-elle, ne l’effrayait et au
cun obstacle ne pouvait le détourner de son objectif, jusqu’à en atteindre le summum. Son éveil et sa compréhension étaient Seigneuriaux et dépassaient de loin ce qui pouvait être acquis par le biais de l’apprentissage et de l’enseignement. Pendant ses cours, il devançait tous les élèves dans les domaines complexesde la jurisprudence, sans pourtant n’avoir jamais lu d’ouvrage ni avoir entendu de propos relatifs à ces sujets. Les gens de son village et ceux du désert avoisinant ainsi que les érudits venaient profiter du récipient de ses connaissances. Et alors qu’il n’était encore qu’un jeune homme, il enseignait et donnait des avis juridiques (Fatwa) dans divers domaines. L’aura de sa personnalité fascinait tous ceux qui le contemplaient et elle laissait présager un destin hors du commun. Un jour, alors qu’il était encore enfant et qu’il rentrait chez lui, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) trouva un plat préparé par sa mère que l’on nomme « Lafet » à base de navet simplement salé et cuit. Mais, à l’exception d’une seule variété, il n’aimait pas les navets il sortit donc de chez lui très contrarié. Il rencontra son voisin qui s’appelait Sidi Gourid (qu’Allah l’agrée) un homme vertueux qui détenait la Connaissance. Ce dernier, après l’avoir interrogé et su la cause de cette contrariété, l’invita à venir manger chez lui. En entrant dans sa demeure il dit à son épouse : « Nous avons un grand invité de marque, prépare du « Rfiss » », et il s’agissait là d’un met réservé aux grandes occasions à ‘Aïn Madhi. Elle le prépara, mais fut intriguée par l’identité de ce mystérieux invité de marque. Elle regarda discrètement afin de voir ce fameux personnage, mais n’aperçut que le jeune voisin, Sidi Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret). Elle s’exclama alors : « Quoi ! C’est le petit Ahmed ton invité de marque ?! » Il lui répondit : « Tais-toi donc ! Tu ignores l’ampleur de son destin. » Une autre fois durant son enfance, tandis qu’il sortait de ses cours, il aperçut (qu’Allah sanctifie son précieux secret) une immense lumière jaillir de devant lui et qui s’étendait jusqu’au ciel. Le Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) apparut soudainement devant lui et l’encouragea en ces termes : « Continue, car tu es dans la vérité ». Il fut si terrifié qu’il partit se réfugier au sein de la demeure de sa tante maternelle qui se trouvait être juste à côté. Elle le couvrit et le réconforta tout en lui préparant du pain. Elle s’appelait Jourkhoum, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) l’aimait intensément et la considérait comme une mère. Il révéla plus tard à son sujet qu’elle était une sainte et que toutes les demandes étant accomplies auprès de sa tombe, en bien ou en mal, se voyaient immanquablement exaucées. Cela au point où il devint nécessaire de cacher l’endroit de sa sépulture aux communs des gens. Jusqu’à aujourd’hui ce lieu est inconnu de tous à ‘Aïn Madhi. Il arrivait souvent à ce jeune enfant de voir en rêve le tracé de son destin. En effet, il se voyait sur un trône gérant et commandant des multitudes de créatures. Il a rapporté (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « J’ai vu, alors que j’étais encore petit et impubère, un trône royal que l’on semblait m’avoir préparé et sur lequel je m’assis. J’avais une immense armée que je commandais pour répondre aux besoins comme le fait un roi. » Au cours d’un autre songe, il vit le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) à ‘Aïn Madhi qui chevauchait un cheval et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le suivait de très près. Il désirait lui adresser des demandes, mais il préféra attendre que le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) descende de sa monture afin d’être plus à l’aise. Lorsque le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) descendit, il se dirigea vers un champ et entra en prière. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) voulut le rejoindre afin de prier avec lui, mais il ne le rejoignit que lors du deuxième cycle de la prière (rak’at). Il comprit à travers ce rêve qu’il n’atteindrait sa quête que dans la deuxième partie de sa vie, qui était représentée par la deuxième rak’at. Il a rapporté également au sujet d’un autre rêve (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Je me suis vu ayant l’apparence d’un roi alors que les gens me prêtaient serment d’allégeance. J’avais auprès de moi une foule innombrable. Ils m’ont préparé un trône de Khalifat sur un toit élevé ainsi qu’une tenue royale. Lorsque le temps de la prière du Dhohr arriva, j’ai voulu ordonner à quelqu’un de la diriger pour nous comme j’en avais l’habitude dans la réalité, puis j’ai réfléchi et me suis dit : « C’est le Khalife qui doit diriger la prière » Je me suis avancé et j’ai dirigé la prière jusqu’à son terme. Lorsque j’ai raconté cela à l’un de mes aimés, je lui ai dit : « Je crois qu’Allah Exalté veut pour moi la station du Pôle […] » » À l’âge de la puberté son père le maria et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) continua à vivre dans la demeure familiale, entouré de ses parents qu’il chérissait tendrement. Toutefois, un événement tragique allait lier le destin de Cheikh Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) avec celui du saint Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui). En l’an 1166 H (1752/53) alors qu’il n’avait que seize ans, son père et sa mère décédèrent le même jour à la suite d’une épidémie de peste, le laissant ainsi orphelin. Ce fut sa tante maternelle qui le recueillit. Malgré la douleur de la séparation, cette épreuve n’entacha pas son moral, il poursuivit ses études au sein de son village avec toujours plus de détermination. D’ailleurs, après un an de mariage, il libéra son épouse du lien conjugal. Il était en effet tellement absorbé par la recherche du savoir qu’il ne pouvait lui accorder toute l’attention qu’il estimait nécessaire à son égard. Il considérait (qu’Allah sanctifie son précieux secret) que sa priorité était d’atteindre la véritable crainte d’Allah conformément à la parole du Très Haut : « Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah. » (Sourate 35 Le Créateur, verset 28)

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