Quand Mawlana Cheikh Ibrahim Niass apportait la lumiere sur la relation entre El Hadj Malick Sy et El Hadj Abdoulaye Niass Al Kabir

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La commission qui a rédigé HGS ( histoire générale du Sénégal), dirigé par le professeur Ibader Thiam, vient de publier un ouvrage intitulé **histoire générale du Sénégal** où dans sa page 186 est écrit :<<A l’école de Maodo, appartenaient, outre serigne Sidy Ahmeth S’y Malick, seydi khalifa Ababacar sy, , serigne Sy Balkhawmi, Moustapha Sy Diamil, Khali Madiakhaté kala, déjà évoqué, chérif Younousse Aïdara de Casamance, Tafsir Abdou Marame Cissé de Pire, Elhadj Elimane Sakho de Rufisque, Elhadj Rawane Ngom de Mpal, Elhadj Daouda Dia du Jolof et Mame gor Sané Niang, Elhadj Baba Diongue de Podor, Elhadj Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès, surnommé <<borom piliyaan bi>>, Amadou Anta Samb de kébémer, Serigne Hady Touré de Fasse, serigne Abass Salle de Louga, Elhadji Abdoulaye Niasse de Kaolack.>>

Cheikh Ibrahim Niasse, Baye, dans son médiathèque, on peut trouver un discours qui dément ces propos fallacieux. Dans ce discours Baye dit:<< Elhadji Abdoulaye Niasse, son père avait l’habitude de lui dire que tu ne partira nul part pour apprendre quoi que ce soit. Tu resteras à côté de moi puis je demeurerai ton professeur enfin je te garentis que personne d’autre n’aura jamais un niveau meilleur que le tien.
Bref depuis notre grand père Bacari Niasse, père de Amath Niasse aucun membre de notre famille n’est sorti pour une autre école sauf mes propres enfants. Un choix que j’avais fait à l’époque car étant persuadé que, quelque soit leur niveau d’étude, s’il n’est pas sanctionné par un diplôme, ne sera pas reconnu. C’est ainsi que j’ai décidé des les emmener étudier ailleurs à l’Université Al azar de Caire.>>

Lors de l’inauguration de la zawiya tijaan à Kaolack ce même Cheikh Ibrahim Niasse a essayé, de manière ramassée, dans son allocution, de retracer l’histoire portant sur les relations diplomatiques entre Cheikh Elhadji Abdoulaye Niasse et Serigne Maodo Malick Sy.
Baye Niasse dit:<< Nous rendons grâce à Allah et demandons à ce charmant publique de rendre grâce à Allah à son tour. Nous remercions tout le monde tout en réservant une mention spéciale à la population kaolackoise de cette journée historique pour le Sine-Saloum. Historique car c’est une journée qui a vu la présence de notre serigne Seydi Mouhadoul Habib, khalifa tijaanii Seydi Abdoul Aziz Sy, Seydi Mountakha Tall et beaucoup d’autres Moukhadam( guide) de la tarikha tijaaniya. Le président de l’assemblée nationale, Amadou Cissé Dia aussi est là ainsi que le gouverneur de la région du Sine-Saloum.

Ce zawiya est un zawiya de Cheikh Ahmad Atijaanii Chérif ( RA). Il a été batti en 1911 correspondant à 1329 de l’Hégire après le retour de Elhadji Abdoulaye Niasse de Fez.
Cheikh Ahmad Atijaani Chérif, fondateur de la voie tijaani plus connue sous l’appellation  » tarikha tijaan » , est né en 1150 de l’Hégire à Aynou Mahad . Il appartient donc à la génération du 12e siècle musulman. Alors que les sages du 5e siècle avaient prédit la venue du khatimoul wilaayati. Ils avaient aussi prédit le lieu, Fez/Maroc. Dans ce siècle et sur cet lieu, personne d’autre que Cheikh Ahmad Atijaanii Chérif( RA) n’a apparu pour réclamer ce titre. Ils avaient prédit aussi que c’est quelqu’un qui sera très contesté dans le monde islamique. Il a maitrisé le coran à l’âge de 7ans. A l’âge de 21 ans, il maîtrisa toutes les disciplines ( littérature arabe, grammaire, histoire, le droit islamique entre autres). Il commença à produire des écrits, à enseigner et à répondre à toutes les questions lui venant de l’est à l’Ouest, qui ne trouvaient jusque-là de réponses. Il décrocha le titre du plus grand savant de son époque sur ce qu’on appelle la connaissance accessible à tous( xam-xamu zaahir>>. C’est à partir de ce moment qu’il s’est lancé à la quête de l’autre type de connaissance peu accessible ( xam-xamu baatine) auprès de certains érudits soufis. C’est ainsi qu’il emprunta la voie khaadiriya ensuite saadouriya enfin khalwatiya. Il décrocha suite à cette longue et pénible recherche, la voie de la tijaaniya de son Grand père, le prophète Mouhamad salla laahou hãleyhi wa sallam en 1196 de l’Hégire. Il faudra attendre jusqu’en 1200 de l’Hégire pour qu’il( wird tijaan) soit complété à 300 ( 100 astakhfiroulaah, 100 salaatoul faatihi et 100 laa-illaaha illallaah).

C’est à cette que période que Mouhadoul hafiss de Mauritanie s’est rendu à Fez. Il rencontra Cheikh Ahmad Tijaan qui l’enseigna puis l’éleva à un degré très haut dans la tarikha. Cheikh Ahmad Tijaan lui demande de ne rien révéler une fois de retour en Mauritanie. Ce dernier à son retour essaya de cacher le trésor mais il ne parviendra pas. Car un jour, un des disciples est venu lui réclamer directement et ouvertement le trésor qu’il a apporté de Fez. C’est par le biais de cet grand homme que la tarikha tijaan est entrée dans notre Afrique de l’Ouest.

Cheikh Maoloudou Fall, un de ses disciples, a transmis la tarikha à Cheikhou Omar Foutiyou Tall. Ce dernier est le premier sénégalais à embrasser la tarikha tijaan au Sénégal puis il la propagea partout jusqu’au Nigéria. Il rencontra lors de son pèlerinage à la Mecque Seydi Mouhadoul khali, khalifa de Cheikh Ahmad Atijaanii. Ce dernier l’éleva à un grade très élevé dans la tarikha tijaan en 1213 de l’Hégire ce qui prouve que Cheikhou Omar Foutiyou Tall a vécu 17 ans sur terre avec Cheikh Ahmad Atijaanii Chérif ( R.A). Cheikh Omar a transmis la tarikha à Alpha Mayoro qui la transmis à Elhadji Malick Sy.
Parallèlement Cheikhou Omar a transmis la tarikha à Aboubacar ,qui transmet a Mouhamadou fils de Ibrahim Foutajali qui la transmis à son tour à Elhadji Abdoulaye Niasse.

Si je cite ces grands hommes c’est parce que leur contribution dans l’histoire de la propagation de l’islam dans ce pays est remarquable.

Cheikh Omar est né Lorsque Cheikh Ahmad Atijaanii Chérif a vécu 63 ans. Lorsque ce dernier tire sa révérence Cheikh Mouhadoul hafiss s’est révélé comme étant son substitut ( khalif). Mouhadoul hafiss disparu en 1247 de l’Hégire puis Baddi se révéla être son khalif. Cheikh Abdoulaye Niasse naquit en 1264 de l’Hégire date exacte de la disparition de Baddi. Il faudra attendre 10 ans plutard pour que Elhadji Malick Sy vienne au monde.

Par ailleurs, Cheikh Abdoulaye Niasse s’était rendu à Fez à la recherche d’un diplôme dénommé dans la tarikha tijaan DIPLOME ILLIMITÉ ( idiaja it-laakh). A son retour ,il passa à Tivaoune chez son ami Elhadji Malick Sy. Ce dernier comme il était au courant des différends( le colon exigeait à ce que Elhadji Abdoulaye Niasse lui confie deux de ses fils à savoir seydi Omar et seydi aboubacar ce que refusa ce dernier) qui existaient entre Elhadji Abdoulaye Niasse et le Colon, ce qui lui avait d’ailleurs même poussé à s’exiler en Gambie, lui retint à Tivaoune le temps de jouer la médiation. Elhadji Malick appela l’avocat karpo, le député que Blaise Diagne a remplacé, le paya 250fcfa à l’insu de Elhadji Abdoulaye Niasse pour qu’il lui écrit une lettre qu’il adressa au gouverneur de Saint-Louis. Dans la lettre, Elhadji Malick Sy dit au gouverneur que Elhadji Abdoulaye Niasse est de retour de son voyage à Fez. Je voudrais que vous lui demandiez de rester au Sénégal pour de bon car sa dimension dans l’islam sera une grande fierté pour la nation sénégalaise. Le gouverneur de Saint-Louis saisis le commandant de Kaolack en lui demandant de faire tout son possible pour retenir Elhadji Abdoulaye Niasse à Kaolack.
Quand Elhadji Abdoulaye Niasse décida de rentrer à Kaolack, Elhadji Malick Sy le raccompagna jusqu’à Gossas et avant leur séparation, Ce dernier lui demanda de passer chez le commandant de cercle car dit-il, un commandant de cercle, personne n’a le droit de le contourner en traversant sa ville. Elhadji Abdoulaye Niasse en rapportant l’histoire avait même dit qu’il ne savait pas ce que signifiait commandant de cercle.
C’est ainsi que Elhadji Abdoulaye Niasse s’est réconcilié avec le colon et s installa de nouveau à Kaolack.>>

Voilà les bonnes relations qu’entretenaient ces grands hommes.
C’était ma modeste contribution sur cette actualité brûlante dans le but d’une part d’éclairer la lanterne de certains et d’autre part demander aux autres de compléter s’il y a des manquements.

Babacar Ndiaye professeur de M/SVT au CEM/ Sikilo Nord de Kolda.

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