Vie de Cheikh Ahmed Tijani, qu’ALLAH l’agrée (Sa Quête)

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Sa Quête

En 1171 H. (1757/58), âgé de 21 ans, il quitte ‘Aïn Madhi poussé par une soif incommensurable, pour Fès, la célèbre cité de la science avec notamment sa fameuse Université-Mosquée Qarawiyyine.

Dans cette ville se côtoyaient de grands maîtres et hommes saints que Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) entreprit de visiter afin de tirer profit de leurs enseignements spirituels ainsi que de leurs bénédictions (baraka). En effet, il considérait la recherche de la compagnie des maîtres du Soufisme comme moyen de parfaire les exigences de la Loi extérieurement et intérieurement. Il dit à ce sujet (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Sache que le Soufisme est de se conformer aux commandements, de délaisser les interdits, et ce extérieurement ou intérieurement, là où Il se satisfait et non pas là où toi tu te satisfaits. »

Chaque jour sa science recueillie auprès des docteurs de l’Université augmentait. Il assistait à tous les cercles d’enseignements de la Qarawiyyine, mais il ne s’arrêtait pas là et assistait également à ceux qui se tenaient dans d’autres mosquées ou Zawiya. Il avait un attrait particulier pour la science du Hadith. Il devait dire plus tard :

« La science se subdivise en quatre catégories :

– Une science qui endurcit le cœur, c’est la jurisprudence et la rigidité envers elle.

– Une science qui procure l’ostentation, c’est la science de la grammaire et ce qui s’y rapporte.

– Une science qui procure le renoncement en ce monde, c’est la science de l’histoire et de ce qui y a trait.

– Une science qui illumine le cœur, c’est la connaissance du Hadith (paroles prophétiques) et de ce qui en découle ».

Il eut recours également à certains experts afin d’acquérir la science de la récitation du Coran.

Il avait la faculté de mémoriser ce qu’il entendait dès la première écoute. Ainsi, il connaissait par cœur et dans leur intégralité de nombreux ouvrages de jurisprudence (Fiqh) tels le Moukhtasar de Cheikh Khalil, le Tahdhib Al Baradha’i, mais aussi le Sahih BoukhariMouslim et le Mouwata de l’Imam Malek… Il obtint ainsi tous les diplômes lui conférant le droit d’enseigner toutes les sciences connues des musulmans de cette époque. Cependant, sa soif ne fut pas étanchée pour autant. Ses efforts, sa crainte d’Allah , sa modestie, son amour pour le vrai et son aversion du faux imposaient le respect de tous.

Durant toutes ces années écoulées, Cheikh Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) s’est affilié à plusieurs voies (6 voies) et a notamment fait la rencontre de grands Aouliya sans pour autant prendre d’eux.

Parmi les voies auxquelles il s’est affilié, il y a celle du célèbre Pôle connu et Chérif Hassani Maulana Taïeb ibn Mohamed de Wazzan (qu’Allah l’agrée) (m.1180). Il est d’ailleurs le premier parmi les maîtres que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) rencontra. Lorsque Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fit sa connaissance, il lui dit (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « J’ai entendu dire que tu as été honoré d’un immense don. » Moulay Taïeb (qu’Allah l’agrée) lui demanda : « Et quel est-il ? » Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) répondit : « C’est que celui qui te voit, il entrera au Paradis. » Il confirma : « Oui en effet, si ce n’est que ce don ne revient pas à moi » ; alors Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui demanda : « A qui revient-il ? » Il lui répondit : « C’est celui de Cheikh Tha’labi, car celui qui le voit et celui qui voit celui qui l’a vu, et celui qui a vu celui qui a vu celui qui l’a vu, et cela jusqu’à la 7ème ou 8ème ou 12ème personne, il entrera au Paradis et moi j’ai vu celui qui a vu celui qui l’a vu. » Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui dit alors : « Atteste pour moi que je t’ai vu. » Et Moulay Taïeb (qu’Allah l’agrée) lui dit : « J’atteste certes que tu m’as vu. » » Plus tard Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) reçut lui aussi et personnellement ce don, directement du bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) mais il était encore plus complet.

Sidi Taïeb (qu’Allah l’agrée) lui transmit la Tariqa Wazzania aussi appelée Taïbiya Chadhiliya. Elle est une branche issue de la Jazouliya. Elle eut une grande ampleur au Maroc ainsi qu’en Algérie avant de s’étendre, entre autres contrées, vers l’Égypte. Lorsque Moulay Taïeb ibn Moulay Mohamed (qu’Allah l’agrée) accéda à la Khilafa, il conféra une renommée immense à la Tariqa Wazzania, au point qu’on la renomma en l’appelant Tariqa Taïbiya. Il donna aussi à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) le titre de Mouqadem, lui octroyant ainsi l’autorisation pour les oraisons, mais à cette époque il refusait systématiquement ce titre, car sa haute aspiration ne lui laissait ni le temps, ni le désir de s’y consacrer. Il croisa également le chemin du Connaissant Cheikh Ahmed Saqli (qu’Allah l’agrée) (m. 1177) qui fut l’un des piliers de la Tariqa Khalwatiyya, mais Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) n’adhéra pas à sa voie. Il dira par la suite : « Plus tard j’ai appris qu’en fait il était un Pôle ».

Il a pris aussi la voie de Sidi Abdelqader Djilani (qu’Allah l’agrée) à Fès par le biais de celui qui en délivrait l’autorisation en ces lieux.

Il prit la Tariqa Nassriya auprès du Wali Sidi Mohamed ibn ‘Abdallah Tazani connu sous l’appellation de « Rifi » (qu’Allah l’agrée).

Il a pris également à Fès la voie du Pôle sidi Ahmed El Habib ibn Mohamed (qu’Allah l’agrée) (m.1165) connu sous l’appellation El Ghamary Sejelmassi Siddiqi, par celui qui en détenait l’autorisation. D’ailleurs, ce grand Pôle déjà décédé vint voir Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) en songe et lui donna un Nom à évoquer.

Il prit aussi à Taza du Wali, le Malamati Sidi Ahmed Tawachi (qu’Allah l’agrée) (m.1204). Ce dernier lui transmit un Nom en lui disant : « Il te faut la retraite (khalwa), la solitude (El wahda) et le Dhikr puis patiente jusqu’à ce qu’Allah t’ouvres, car tu vas avoir une station immense ». Mais cela n’arrangeait pas Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) alors Sidi Ahmed Tawachi (qu’Allah l’agrée) lui dit : « Attache-toi à ce Dhikr et sois-y constant sans retraite ni solitude, Allah t’accorderas l’ouverture même dans cette situation ».

Après avoir assimilés les enseignements et secrets des grands maîtres qu’il rencontrait (qu’Allah sanctifie son précieux secret) et atteint les degrés spirituels escomptés, cette soif et ce désir d’Allah qui l’habitaient le poussait toujours plus loin.

Certains grands saints lui avaient annoncé qu’il atteindrait des degrés auxquels il ne s’attendait pas. Ce fut le cas lors de sa rencontre avec le grand Wali doté du dévoilement Sidi Mohamed ibn el Hassan el Wanjali (qu’Allah l’agrée) (m.1185) de Djebel Zabib, qui lui affirma, et ce, avant même que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) ne prononce un seul mot, qu’il rejoindrait le degré du grand Cheikh et Pôle de son temps Sidi Abou el Hassan Chadhili (qu’Allah l’agrée) puis il lui révéla d’autres secrets.

Un jour, il rencontra à Fès le Wali Sidi ‘Abdallah ibn Sidi ‘Arbi ibn Ahmed de Aouled Ma’an el Andaloussi (qu’Allah l’agrée) (m.1188) qui était le Pôle de la Tariqa Chadhiliya. Après s’être entretenu avec lui et alors qu’ils étaient sur le point de se quitter, il clama par trois fois à Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Allah saisis par ta main ! »

Son départ de Fès fut précipité par la rencontre d’un Cheikh faisant partie des gens dotés du dévoilement spirituel (Kachf) qui l’incita à retourner dans sa ville natale, ce qu’il fit. Il lui assura que son Ouverture ne se réaliserait que dans cette région du désert. Sur la route il s’arrêta à diverses Zaouiya et rencontra de nombreux hommes de Dieu. De ‘Aïn Madhi, il se rendit à El Bayadh Sidi Cheikh qui était le lieu de sépulture du célèbre Pôle Sidi Abdelqader ibn Mohammed (qu’Allah l’agrée) appelé communément Sidi Cheikh et descendant de Abou Bakr Siddiq (qu’Allah l’agrée). Il y demeura cinq années entre l’adoration et l’enseignement tout en se rendant par moment à ‘Aïn Madhi.

Il partit ensuite vers Tlemcen en l’an 1181 H (1767/68), alors qu’il était âgé de trente et un ans, où il enseigna pendant plusieurs années l’exégèse, ainsi que le Hadith, tout en se consacrant à l’adoration et au recueillement.

Il y fut aimé et respecté par ses savants pour la conformité de ses actes liés à sa grande science tout comme pour sa sagesse. À ceux qui l’interrogeaient sur l’identité du grand érudit qui lui aurait transmis un si large savoir, il répondait (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Ce savoir je ne l’ai pas reçu d’une seule personne, mais de tous ceux que j’ai rencontrés ». Sa notoriété grandissante et ses prodiges éclatants attirèrent vers lui une population de plus en plus nombreuse. Certains venaient s’abreuver de sa science tandis que d’autres venaient pour bénéficier de sa bénédiction, en l’élevant au rang de Cheikh. Mais il refusait catégoriquement tout titre et toute prétention et les blâmait pour cela en leur disant (qu’Allah sanctifie son précieux secret) : « Sachez que nous sommes tous égaux dans le profit mutuel. Personne n’a plus de mérite qu’un autre et m’accorder le titre de cheikh n’est qu’une mauvaise innovation ». Il craignait en effet pour lui-même la prétention de se déclarer Cheikh sans en avoir préalablement reçu l’autorisation particulière.

À Tlemcen Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) vit en rêve le grand Wali et Pôle de son temps, le Ghawth Sidi Abou Madian (qu’Allah l’agrée), dans une assemblée où il disait : « Celui qui me donne quelque chose je lui donnerai ce qu’il demande ». Il donnait l’impression de quelqu’un qui s’apprêtait à faire un banquet et qui invitait à participer à sa dépense. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui dit alors : « Je te donne quatre « Mathaqil » (unité de poids monétaire) et garantis-moi le Qotbaniya el ‘Oudhma ». Il répondit : « Oui, je te le garantis et tu ne mourras qu’après l’avoir eu ».

Il se dirigea alors vers lui pour les lui remettre, mais il se réveilla. Après le lever du soleil, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) se dirigea vers son mausolée puis, en arrivant il lui dit : « Mon maître, voici quarante Aouqiya comme je t’en avais parlé, je te les offre. Toutefois, je vais remettre cet argent à des pauvres et la récompense te reviendra ». Il distribua donc l’argent à des indigents et l’un des bénéficiaires lui dit alors : « Je devais offrir un banquet de mariage, mais je n’avais rien pour le faire. Aussi, hier j’ai imploré l’aide d’Allah par l’intermédiaire de Sidi Abou Madian et cela est bien son aide, qu’Allah l’agrée. »

Un autre évènement allait confirmer ce rêve. En effet, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) rencontra un jour un homme connu pour voir à l’état de veille des entités spirituelles (Rouhani) qui l’informaient sur ce qu’il voulait savoir. Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui demanda : « J’ai caché quelque chose dans mon cœur, dis-moi ce dont il s’agit ? ».

L’homme interrogea les Rouhani et ils lui dirent que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) l’interrogeait à propos de la Qotbaniya puis il constata la présence de quelqu’un de mystérieux à côté des esprits spirituels. Cet inconnu leur dit d’un ton réprobateur : « Qui vous a permis de parler de cela ? ». Les esprits spirituels (Rouhani) lui répondirent alors : « C’est lui qui interroge sur cela ». Le mystérieux personnage rétorqua : « Cette Qotbaniya c’est moi qui lui ai garanti à Tlemcen avant son départ et il ne mourra pas sans l’avoir atteint. N’intervenez pas là-dessus ni vous, ni les autres ! » Cet inconnu n’était autre que Sidi Abou Madian le Ghawth (qu’Allah l’agrée). L’homme qui avait la faculté de parler aux entités spirituelles (Rouhani) n’avait jamais vu Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) auparavant ni ne le connaissait.

Après de multiples efforts, il ressentit le besoin d’accomplir son pèlerinage et de visiter le maître de l’existence (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), cela en 1186 H (1772/73) alors âgé de 36 ans. Durant son voyage, il rencontra d’autres grandes personnalités comme Sidi Mohamad ibn ‘Abderahman el Azhari (qu’Allah l’agrée) dans la région de Zwawa, près d’Alger, auprès de qui il prit la voie Khalwatiya-Rahmaniya. Ce grand maître qui avait une influence grandissante dans toutes les régions algériennes, l’avait lui-même pris directement du grand Cheikh de la Khalwatiya et Cheikh d’Al Azhar, Sidi Mohammed el Hafni (qu’Allah l’agrée).

Puis Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) continua son périple jusqu’en Tunisie où il rencontra certains Aouliya dont le Wali Sidi ‘Abdsamad Rahaoui (qu’Allah l’agrée). Lui-même était sous l’autorité du Pôle de la région que Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) demanda à rencontrer. Cependant, Sidi ‘Abdsamad lui révéla qu’il ne rencontrait quiconque à l’exception de quatre individus. Sidi Rahaoui (qu’Allah l’agrée) comptait parmi ces quatre exceptions, mais ces rencontres ne pouvaient s’effectuer que durant la nuit du lundi et celle du vendredi. Aussi Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui fit don d’une pièce de monnaie en or (mahboub) à lui remettre de sa part, en retour, il reçut la bonne annonce qu’il était aimé en ces termes : « Celui qui est aimé a envoyé une monnaie en or (El Mahboub ba’atha-l-mahboub) ».

Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a vu le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) en Tunisie qui lui dit : « Invoque pour obtenir la Connaissance ou ce que tu désires et moi je dirai « Amin » pour ta demande ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) invoqua donc et le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) disait « Amin ». Ensuite, il (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a récité la Sourate « Wa Douha » (Sourate 93) et lorsqu’il arriva au verset qui dit : « Ton Seigneur t’accordera certes ses faveurs et alors tu seras satisfait », le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) fixa Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) de son noble regard puis termina de réciter la Sourate.

Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) resta une année en Tunisie, entre la ville de Tunis et celle de Sousse. Il y enseigna diverses sciences ainsi que les Hikam d’Ibn ‘Ata Allah (qu’Allah l’agrée). Constatant l’étendue de son savoir, l’émir du pays lui envoya un message lui demandant de s’installer à Tunis afin d’y enseigner la noble science et afin de s’occuper également des affaires religieuses. Pour cela, il mettait à sa disposition une demeure, un salaire important et une Chaire d’enseignant à la célèbre université de Zaïtouna.

Lorsque Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) reçut la lettre de l’émir, il ne prononça pas un seul mot. Le lendemain il se sauva et prit le bateau pour Le Caire, en Égypte. En raison d’un rêve qu’il avait fait, il avait la ferme intention de rencontrer le célèbre Wali, le Maître majestueux, le Mouhadith et le Connaissant parfait Sidi Mahmoud el Kourdiyou (qu’Allah l’agrée), originaire d’Irak. Ce noble personnage avait la particularité d’avoir rencontré à plusieurs reprises Al Khadir (qu’Allah l’agrée) et obtint de nombreux profits à travers lui.

Lors de sa première rencontre avec Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret), et comme pour lui confirmer cet état de fait, Sidi Mahmoud (qu’Allah l’agrée) lui dit : « Tu es aimé auprès d’Allah dans ce monde ainsi que dans l’au-delà ». Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui demanda : « D’où te vient cela ? » Il lui répondit (qu’Allah l’agrée): « D’Allah ! » Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui dit alors : « Je t’ai vu alors que j’étais en Tunisie et je t’ai dit : « Je suis entièrement en acier ». Tu m’as répondu : « Oui ! C’est ainsi et je vais transformer ton acier en or » ». Lorsque Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) raconta cela, Sidi Mahmoud lui répondit : « Oui, c’est comme tu as vu ».

Quelques jours plus tard, Sidi Mahmoud el Kourdiyou (qu’Allah l’agrée) interrogea Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) sur ses ambitions et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui répondit : « J’ambitionne d’accéder au degré des Pôles Suprêmes (El Qotbaniya el ‘Oudhma) »

Le célèbre Maître (qu’Allah l’agrée) lui affirma alors : « ô mon ami ! Le Très-Haut te réserve beaucoup plus que cela ».

Sidi Mahmoud (qu’Allah l’agrée) reçut la Tariqa Khalwatiya directement du grand Cheikh Sidi Mohamed el Hafni (qu’Allah l’agrée). Il raconta à Seïdina (qu’Allah l’agrée) les circonstances de sa rencontre avec ce noble personnage et celle de son Cheikh Moustapha el Bakri (qu’Allah l’agrée). Dans cette narration, il décrivit un échange entre lui et ce dernier (qu’Allah l’agrée) qui lui demanda un jour : « ô Mahmoud, je ne vois pas en toi les traces de l’Ouverture, peut-être évoquerais-tu un autre Ouird avec notre Oraison ? » Sidi Mahmoud répondit par l’affirmative à cette question, Sidi Moustapha el Bakri (qu’Allah l’agrée) se tourna alors vers Sidi Mohamed el Hafni (qu’Allah l’agrée) en lui disant : « Pourquoi lui donnes-tu l’autorisation pour notre Ouird alors qu’il a une autre Oraison ? » Il lui répondit : « ô mon maître j’ai constaté qu’il ne voulait pas délaisser cette oraison, je me suis donc dit que ce qui est mélangé de blanc et de noir est toujours meilleur que ce qui est complètement noir ». Sidi Moustapha el Bakri (qu’Allah l’agrée) s’adressa de nouveau à Sidi Mahmoud el Kourdiyou (qu’Allah l’agrée) et lui dit : « ô Mahmoud, passe la nuit et tu m’informeras sur ce que tu as vu. »

Au cours de cette nuit, il vit en songe le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) en compagnie de Cheikh Moustapha qui se tenait à sa droite et Cheikh Qassiri qui se tenait à sa gauche (qu’Allah l’agrée). Ce dernier était par ailleurs celui auprès de qui il avait pris son précédent Ouird. Le bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) lui dit alors : « ô Mahmoud, délaisse la voie de Qassiri et prend la voie de Bakri, car ton Ouverture est entre ses mains. » À son réveil, il en informa Sidi Moustapha (qu’Allah l’agrée) qui lui déclara en retour : « ô Mahmoud, pourquoi nous embarrasses-tu devant ton Cheikh ?! » Et Sidi Mahmoud se soumit alors à l’ordre du Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui).

Après avoir salué son Cheikh qui invoqua en sa faveur, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) quitta l’Égypte et finit par rejoindre la ville sainte de La Mecque par voie maritime. Il arriva là-bas au mois de Chawwal 1187 et il entra en contact avec ses Hommes de Dieu. Là aussi, il fit une rencontre, des plus capitales, avec une haute personnalité. Il s’agit du fameux Cheikh Sidi Ahmed Ibn ‘Abdallah el Hindi (qu’Allah l’agrée) à qui il était interdit de recevoir quiconque.

Il envoya donc une lettre à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), par l’intermédiaire de son serviteur, où il lui annonçait : « Tu es l’héritier de ma science, de mes secrets, de mes dons et de mes lumières ». Lorsqu’il écrivit cette lettre, Sidi Ahmed ibn ‘Abdallah el Hindi (qu’Allah l’agrée) déclara à son serviteur : « Il est celui que j’attendais et il est mon héritier ». Ce dernier s’exclama : « Cela fait dix-huit ans que je suis à ton service et aujourd’hui il vient un homme débarquant du Maghreb et tu m’affirmes qu’il est ton héritier ! ». Sidi ‘Abdallah el Hindi (qu’Allah l’agrée) lui dévoila alors : « Je n’attendais que lui et je n’ai en cela aucune part de décision. Allah choisit par sa Miséricorde qui Il veut. Si j’avais eu une part de décision, j’aurais alors choisi mon fils depuis longtemps et bien avant toi ».

Il transmit ainsi à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) tout ce qu’il détenait en qualité de science, de secrets et de lumière puis lui confia l’initiation de son fils unique. Il lui écrivit ceci : « Par le droit qu’Allah m’a accordé sur toi, je te conjure de prendre soin de mon fils ». Il lui annonça ensuite que son âme serait reprise le vingt du mois de Dhoul Hijja et ce fut effectivement le cas. Après son inhumation, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) fit venir son fils et s’isola avec lui. Il lui transmit alors le secret, conformément à son serment vis-à-vis des recommandations du Cheikh. Parmi ce que transmit Sidi ‘Abdallah el Hindi (qu’Allah l’agrée) à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret), il y avait un très grand secret qu’il devait accomplir durant sept jours suite à quoi il aurait eu l’Ouverture. Toutefois, cela était soumis aux conditions de ne plus parler à quiconque et de s’isoler, mais Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) refusa de l’accomplir à cause de ces conditions-là.

Lorsque Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) s’apprêta à se rendre au mont ‘Arafat, il demanda par courrier à Sidi ‘Abdallah el Hindi la possibilité de le voir afin de profiter de sa vue bénie. Il lui répondit (qu’Allah l’agrée) : « Je ne suis pas autorisé à rencontrer quiconque, mais tu vas certainement faire la rencontre du Pôle après moi et il te suffira » Il voulait parler du grand saint et Pôle Suprême (Qotb Jami’), le Ghaouth Sidi Mohamed ibn Abdelkarim Samman (qu’Allah l’agrée) (m.1775/1189). Il lui annonça également, comme d’autres le firent précédemment, qu’il atteindrait le degré de Cheikh Abou-l-Hassan Chadhili (qu’Allah l’agrée).

Après avoir accompli les préceptes du Hajj, Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) se rendit à Médine La Lumineuse pour la visite et le recueillement auprès de son noble aïeul, notre bien aimé Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) avec toute la bienséance et le respect dont font preuve les Connaissants. Puis il rencontra effectivement le Pôle célèbre, aux prodiges éclatants, Sidi Mohammed ibn Abdelkarim Samman (qu’Allah l’agrée). Sa voie est la quintessence de trois illustres voies : la Khalwatiya, la Qadriya et la Chadhiliya. Celui-ci révéla à Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) les secrets et pouvoirs des grands Hommes de Dieu et il voulut le faire entrer en retraite spirituelle pendant trois jours pour compléter son élévation. Cependant, Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) dut décliner sa proposition pour des raisons qui l’en empêchait. Il l’autorisa dans l’ensemble des Noms et lui confia qu’il était réellement le Pôle Suprême de cette époque (Qoutb Jami’), puis il lui affirma encore : « Demande ce que tu veux » et Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) lui soumis des requêtes auxquelles Sidi Mohammed Samman (qu’Allah l’agrée) répondit entièrement.

Après Médine La Lumineuse et la visite de la tombe du saint Prophète (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui), Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) retourna au Caire auprès de Sidi Mahmoud (qu’Allah l’agrée) qui fut heureux de le revoir. Il lui demanda de se rendre auprès de lui tous les jours.

Durant ce nouveau séjour, Sidi Mahmoud el Kourdiyou (qu’Allah l’agrée) lui soumit de nombreux problèmes relatant divers sujets en lui demandant de les résoudre. Les savants d’Égypte restèrent stupéfaits devant ses réponses qui dénouaient tout type de complexité et sans aucune ambigüité, et ce dans les différents domaines de science traitée. Sidi Mahmoud (qu’Allah l’agrée) lui octroya un diplôme d’autorisation (Ijaza) dans le Hadith englobant les Sahih dans une chaîne le reliant jusqu’à l’Imam Boukhari ainsi que les Sunan et d’autres ouvrages.

Avant son départ, il lui transmit également la voie Khalwatiya en lui délivrant le diplôme d’autorisation afin qu’il initie, éduque et forme ses disciples à cette voie. Cependant, comme à son habitude Seïdina (qu’Allah sanctifie son précieux secret) eut des réticences et refusa le fait d’initier et d’éduquer des disciples. Sidi Mahmoud (qu’Allah l’agrée) le rassura en lui disant : « Contente-toi de transmettre l’autorisation et c’est moi qui serais le garant pour le reste » alors il accepta.

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